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De la peur du flottement à la peur de la perte des réserves de change : l’interventionnisme de la Banque Centrale du Congo face aux tensions récurrentes sur le marché de change

Emmanuel Sungani et André M. Nyembwe

RÉSUMÉ

Considérant la période de janvier 2006 à avril 2023, cette étude propose de constater empiriquement l’interventionnisme historique de la Banque Centrale du Congo (BCC) indiquant la « peur du flottement », de détecter un changement d’attitude au cours de la période récente de tension, marquée par des interventions minimales en dépit du niveau historique des réserves de change accumulées, avant d’en discuter la rationalité et de suggérer des recommandations. La méthodologie adoptée repose, premièrement sur le calcul de l’indice des pressions sur le marché de change (EMP), afin d’identifier les périodes de tensions sur le marché de change, puis sur le calcul de l’indice d’intervention de la banque centrale (CBI) et le ratio des volatilités relatives (RVER) afin de déterminer l’arbitrage que fait la BCC entre laisser la monnaie se déprécier ou perdre ses réserves internationales. L’évolution des divers indices ainsi que le calcul de la corrélation entre la composante tendancielle du CBI et le niveau des réserves sur différentes sous-périodes confirment un changement de comportement de la BCC qui passerait de la « peur du flottement » à la « peur de la perte des réserves de change ».

Sans traitement par le gouvernement des causes primaires, notamment budgétaires, de la dépréciation du franc congolais, la BCC serait condamnée à arbitrer entre la nécessité d’intervention pour des raisons de stabilisation macroéconomique et des pertes inutiles de réserves en périodes de crise ou de forte tension sur le marché de change. Son option d’utiliser en priorité les outils de taux ont l’inconvénient de transmettre les fluctuations réprimées du taux de change sur la liquidité des banques et donc l’activité bancaire.

Mots-clés : Peur du flottement, Banque centrale, Réserves de change, Marché de change
Codes JEL : E52, E58, F31


ABSTRACT

Using data from January 2006 to April 2023, this study aims to empirically establish the historical interventionism of the Central Bank of Congo (BCC), indicating the « fear of floating », to evidence a change in the Central Bank’s attitude during the recent period of tension, marked by minimal interventions despite the historical level of accumulated foreign exchange reserves, before discussing its rationality and making recommendations. The methodology adopted is based, firstly on the calculation of the Exchange Market Pressure Index (EMP), to identify periods of tensions on the exchange market, then on the calculation of the Central Bank Intervention Index (CBI) and the Relative Volatility Ratio (RVER) in order to determine the trade-off that the BCC makes between letting the currency depreciate or losing its international reserves. The evolution of the various indices and the calculation of the correlation, between the trend component of the CBI and the level of reserves over different sub-periods, confirm a change in the BCC’s behaviour from « fear of floating » to « fear of losing foreign exchange reserves ».

Without treatment of the Congolese franc depreciation’s main causes – notably fiscal – by the Government, the BCC would still have to arbitrate between the need to intervene for reasons of macroeconomic stabilization and unnecessary losses of reserves in periods of crisis or high tension on the foreign exchange market. The BCC’s decision to give priority to interest rates instruments has the disadvantage of transmitting repressed exchange-rate fluctuations to bank liquidity, and therefore to banking business.

Keywords : Fear of floating, Central bank, External reserves, Foreign exchange market
JEL codes : E52, E58, F31

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